Page 36 - Livre électronique du Congrès National de Pneumologie 2018
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LES ASPERGILLOSES BRONCHOPULMONAIRES
Pr Nadia Mehiri Ben Rhouma
SERVICE DE PNEUMO-ALLERGOLOGIE HOPITAL MONGI, SLIM – LA MARSA
Introduction :
Les aspergilloses bronchopulmonaires (ABP) sont des affections provoquées par des champignons filamenteux cosmopolites
et ubiquitaires. L’agent le plus fréquemment responsable est aspergillus fumigatus (AF).
Le spectre de ces maladies est large. Les manifestations dépendent du statut immunitaire des patients et des conditions sous
jacentes. Le spectre clinique comprend les manifestations immunoallergiques et les manifestations infectieuses qui vont des
formes localisées aux atteintes invasives multiviscérales gravissimes.
Le diagnostic des ABP est difficile et repose sur un faisceau d’arguments cliniques, biologiques et radiologiques.
Agent pathogène
L’aspergillus est un champignon formé de filaments et de conidies qui a un aspect en pomme d’arrosoir. Il mesure 7 à 10µm et
va émettre dans l’atmosphère des spores de petites tailles de 2 à 3µm. Il en existe 300 espèces mais c’est l’espèce fumigatus
qui est responsable des atteintes respiratoires. C’est un champignon saprophyte et ubiquitaire qu’on retrouve au niveau du sol,
des végétations en décomposition, épices… Certaines conditions favorisent leur développement/ chaleur, humidité, travaux de
terrassement…
La contamination se fait essentiellement par inhalation de spores d’où l’atteinte préférentielle des poumons et des voies
aériennes supérieures.
Parmi les principaux éléments qui participent au pouvoir pathogène de ces champignons on cite : la petite taille des spores leur
donnant la possibilité d’atteindre les alvéoles pulmonaires, la thermotolérance jusqu’à 55°C, la capacité d’adhérence à la
membrane basale, la capacité d’induire des microlésions vasculaires par le biais de toxines nécrosantes et la production de
microtoxines impliquées dans des processus de sensibilisation responsables des manifestations allergiques.
Plusieurs conditions locales comme la perte d’intégrité du tapis mucociliaire, cavités néoformées ou générales comme une
neutropénie, les immunosuppresseurs… contribuent au développement du champignon chez son hôte.
Type de manifestations :
AF peut être responsable d’un spectre de maladies respiratoires qui vont dépendre de 3 facteurs essentiels : la quantité et la
virulence de l’aspergillus, la qualité de la réponse de l’hôte et la présence de pathologie pulmonaire préexistante. Deux
mécanismes différents peuvent donc être observés : infectieux et allergique.
Le mécanisme infectieux :
Aspergillome : Correspond à la colonisation par AF d’une cavité préformée (Tbc, sarcoïdose) ou bronche éctasique (DDB,
mucoviscidose) ayant perdu ses défenses phagocytaires (sarcoïdose, tuberculose). Il en résulte la formation d’une boule
mycélienne avec degré de comblement de la cavité variable. L’élément clé du diagnostic est la en évidence d’un croissant clair
gazeux.
Aspergillose pulmonaire chronique nécrosante (APCN) ou semi invasive : Il s’agit d’une forme rare et méconnue qui peut simuler
d’autres infections pulmonaires (tuberculose, histoplasmose). Elle affecte les patients ayant une pathologie chronique ou une
immunodépression modérée (diabète, corticothérapie au long cours, insuffisance rénale…). La RX thorax met en évidence des
condensations pulmonaires le plus souvent supérieures avec bronchiectasies. L’évolution se fait vers l’excavation progressive
sur des semaines ou mois.
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