Page 49 - Livre électronique du Congrès National de Pneumologie 2018
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DÉPISTAGE DU CANCER BRONCHO-PULMONAIRE
Dr Fatma CHERMITI BEN ABDALLAH
SERVICE DE PNEUMOLOGIE IV ; HOPITAL ABDERRAHMEN MAMI ARIANA
Le cancer broncho-pulmonaire est un bon candidat au dépistage car il représente un problème grave de santé publique. En
effet, il représente la première cause de décès par cancer chez l’homme, il est curable à un stade précoce et a un facteur de
risque bien identifié qui est le tabagisme [1]. La Radiographie thoracique et la cytologie des expectorations n’ont prouvé aucune
réduction de la mortalité en tant que moyens de dépistage [2]. Depuis la publication des résultats de l’étude NLST [3], et
l’adoption dans plusieurs pays du dépistage par scanner faible dose, les études se multiplient dans ce domaine afin d’améliorer
les résultats du dépistage.
A ce jour, environ 11 essais randomisés sur le dépistage du cancer du poumon par scanner basse dose, ont été conduit dans
le monde. Ces essais sont très hétérogènes sur plusieurs points : critères d’inclusion, intervalle de dépistage, interprétation des
tests positifs, nature du bras contrôle et taille de l’échantillon [4]. Les deux essais les plus puissants sont NLST et NELSON
dont les résultats viennent d’être présentés en septembre 2018 [3,5].
L’essai NLST a montré une réduction de la mortalité spécifique par cancer de 20,3% et une réduction de la mortalité globale
de 6,9% dans le bras scanner par rapport au bras contrôle [3]. L’étude NELSON, conduite au Pays-Bas et en Belgique, dont la
conception est différente de l’essai NLST, a également été positive en montrant une réduction de la mortalité par cancer aussi
bien chez l’homme que chez la femme [5].
Si l’efficacité du scanner basse dose ne fait plus aucun doute, plusieurs questions concernant le dépistage du cancer du poumon
restent sans réponses claires. En effet, l’un des problèmes majeurs posé par le dépistage est celui des faux positifs. Le nombre
élevé de faux positifs, rapportés par les différentes études, fait craindre la réalisation de multiples examens pouvant être invasifs,
ce qui est associé non seulement à un coût élevé, mais également à un risque non négligeable de morbidité et de mortalité
chez des personnes en bonne santé.
La réduction du taux des faux positifs dans un programme de dépistage est donc, un enjeu majeur. Une meilleure sélection de
la population cible, l’utilisation du volume et du temps du dédoublement du volume d’un nodule au lieu du seul diamètre,
l’association des biomarqueurs avec le scanner pourraient réduire ce taux de faux positifs [4,6].
La pratique des scanners de dépistage et des scanners de surveillance en cas de test positif, exposent le sujet à un risque
d’irradiation et donc à un risque de cancer radio-induit. Ce risque est réel mais reste faible dans la population cible,
généralement âgée de 55 à 74 ans [7].
L’impact du dépistage du cancer du poumon sur le tabagisme et la qualité de vie des participants reste un sujet à controverses.
Cependant, la majorité des études ont prouvé que la consommation tabagique est réduite surtout en cas de test positif et que
l’anxiété n’est pas augmentée chez les faux positifs. Ceci ne peut être garanti qu’en associant une consultation d’aide au
sevrage et une bonne information des participants [8, 9,10].
Références :
1- B. Duchemann, M. Ferreira, P.Y. Brillet. Rev Mal Respir Actualités (2017), 9, 460-468.
2- Fu C, Liu Z, Zhu F, Li S, Jiang L. Clin Respir J. 2016 May ;10 (3) :333-41.
3- The National Lung Screening Trial Research Team ; N Engl J Med 201 ; 365 :395-409.
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